La conscience comme capacité d’unification du réel et de recherche de sens

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La conscience comme capacité d’unification du réel et de recherche de sens

Du doute à la certitude

La métaphysique cartésienne est indissociable d’une première distinction entre l’âme et le corps. Par âme, il faut comprendre «pensées», ou bien encore « conscience ». Pour Descartes, l’âme est le siège de notre pensée, à savoir ce «que nous percevons immédiatement par nous-même» (Les principes de la philosophie). Ainsi, imaginer, affirmer, nier, souhaiter quelque chose, ou encore douter, tout cela relève de notre pensée, et donc de notre conscience. C’est donc à partir du doute que l’on peut parvenir à une première certitude fondatrice : pour douter, il faut nécessairement un «je» qui doute. Cela implique donc la certitude d’une conscience pensante : douter, c’est penser. Dès lors, l’évidence du cogito (je pense) est inébranlable et ne peut être remise en question.

La découverte d’un moi métaphysique (ou transcendantal)

Toutefois, le cogito ne relève pas d’une simple certitude psychologique, mais est bel et bien d’ordre métaphysique. Le moi psychologique (ou empirique) est personnel, changeant et dépend des origines, de la culture, de l’éducation de chaque individu. Au contraire, le moi métaphysique (ou transcendantal) transcende les origines individuelles et témoigne d’une capacité universelle à penser, condition nécessaire à toutes activités théorique et pratique

En ce sens, la conscience est une activité de synthèse permettant d’unifier, de rendre cohérent la diversité infinie du monde pour mieux le comprendre. Tout homme peut accéder à cette conscience transcendantale en faisant abstraction de ses origines ou de sa situation particulière pour penser librement. Descartes pousse davantage sa réflexion en affirmant qu’il est possible de dissocier notre conscience de notre propre corps. Ainsi, «ce moi c’est-à-dire l’âme par laquelle je suis ce que je suis est entièrement distincte du corps et qu’encore qu’il ne fût point, elle ne laisserait pas d’être tout ce qu’elle est» (Discours de la Méthode).  Cependant, cette thèse heurte nos connaissances physiologiques de l’être humain et le caractère quasi incontestable du cerveau comme siège de notre conscience.

Pour preuve, les sciences humaines ont démontré l’interaction continuelle entre notre conscience et notre corps (les maladies psychosomatiques, l’effet placebo, etc.). Nietzsche affirme à ce sujet que «le vrai cogito est un cogito corporel». Descartes reconnaît, par ailleurs, l’union de l’âme (conscience) et du corps et précise que «la nature m’enseigne par les sentiments de douleur, de faim, de soif que je ne suis pas logé dans mon corps comme un pilote dans son navire, mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui » («Sixième méditation métaphysique»). Le pilote peut en effet quitter son navire, alors que je ne peux pas me séparer de mon corps. Comment comprendre ce qui ressemble à une incohérence ? Dans ce cas précis, Descartes distingue le moi psychologique et le moi métaphysique ou transcendantal, ce dernier n’étant pas lié au corps, à l’inverse du moi psychologique qui est en interaction constante avec notre corps.

citation

«Est transcendantal dans le sujet ce qui rend possible a priori sa manière d’être au monde.»

(Kant, Critique de la raison pure, PUF, trad. A. Tremesaygues et B. Pacaud)

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